jeudi 19 février 2015

Les lance-flammes, Rachel Kushner



Sous son allure guerrière, Les lance-flammes de Rachel Kushner est bien un roman qui bouillonne et qui gronde. Il va te transporter dans l'effervescence des années 70. Alors accroche-toi, tu vas être soufflé.

Sur sa moto, elle file à tout allure. La vitesse et le goût du risque l'animent. Parce qu'elle veut s'accomplir en tant qu'artiste, elle a fait de New York un terrain d'expériences nouvelles. Son insolence, mêlée de candeur, te séduit. Et tu la suis, au gré des rencontres, dans cette ville survoltée, d'où émerge un monde tout à la fois orgueilleux, génial et décadent

Elle est Reno, la fille la plus rapide de la planète. Dans les bras de Sandro, héritier des industries Valera, elle parfait son éducation. Mais tout bascule lors d'un séjour en Italie, quand les tensions politiques et la colère de la rue finissent par les rattraper. Rome devient alors la scène d'un spectacle saisissant, dont elle ne reviendra pas indemne. 

Tu ne t'y es pas trompé. Il se dégage de ce roman plein d'audace une fougue et une violence étonnantesRachel Kushner réussit un véritable tour de force, traduisant admirablement l'atmosphère électrique de ces années-là. C'est épatant.

Les lance-flammes, de Rachel Kushner, est publié chez Stock.

jeudi 5 février 2015

Scipion, Pablo Casacuberta



Non, Scipion n'est pas une biographie historique. La référence n'est pourtant pas anodine, mais Pablo Casacuberta semble en avoir décidé autrement, optant pour un drôle, un authentique roman d'apprentissage. Et c'est merveilleusement convaincant.

Quand tu le croises sur le chemin qui le mène à son héritage, Aníbal n'a rien d'un glorieux personnage. C'est un universitaire déchu, qui a sombré dans l'alcool et la misère. Une situation qu'il doit à son géniteur, sur le simple fait de lui avoir assené un tel prénom. Car quoi qu'on en pense, pour un fils d'historien, c'est assez lourd à porter. 

S'il est l'éternel vaincuAníbal n'est pas au bout de ses peines. Même par-delà la mort, l'éloquent professeur continue à jouer de son autorité. Ces trois boites qu'il lui lègue, elles s'offrent comme une dernière bravade. Elles vont l'emporter  dans une succession de rencontres singulières, d'étonnantes révélations et de périls inattendus. 

Mais rassure-toi. Dans ce déluge de mésaventures, aussi absurdes, chavirantes ou machiavéliques soient-elles, tout est bien qui finit bien. C'est que tu t'es entiché de cet Anibal, parfait dans ce rôle d'anti-héros qui, plus que tout, ne demandait qu'à être aimé.

Scipion, de Pablo Casacuberta, est publié chez Métailié.