mercredi 26 février 2014

La légèreté, Emmanuelle Richard


Avec La légèreté, tu te replonges dans cette période exacerbée qu'est l'adolescence. C'est ingrat. Sous la plume d'Emmanuelle Richard, c'est un premier roman qui fait preuve de finesse et d'éclat.

Légère, tu sens tout de suite qu'elle ne l'est pas. D'abord il y a ses seins, l'absence manifeste de ses seins, d'une féminité qui cherche furieusement à s'assouvir. Puis il y a les copines et leur monde, dont elle ne possède pas les codes. Enfermée dans ce corps inclassable, elle bout. 

C'est l'été, direction l'île de Ré. Entre le camping et la plage, seule ou accompagnée, face au troublant désir des garçons, elle reste sur ses gardes. Car rien ne serait plus terrible que de faire mauvais genre. Quant au garçon qui la regarde, elle ne l'a pas vu venir. C'est rien, une erreur, pas de quoi se retourner. Et c'est tout. 

La jeune fille est sauvage et mutine, elle a de l'émotion à revendre. Avec elle, tu revis ce jeu de tensions, entre la honte le désir et le dégoût. Ca secoue parfois, mais les sensations restent intactes. C'est vrai, c'est surprenant. C'est un tableau remarquable. 

La légèreté, d'Emmanuelle Richard, est publié aux Editons de l'Olivier.

mardi 18 février 2014

Buvard, Julia Kerninon


Tu t'approches de Buvard et tu es envahi par un vent de fraîcheur. C'est un premier roman, il est signé Julia Kerninon. Instantanément, tu tombes sous le charme.

Tu t'envoles pour le Devon, Angleterre, à la rencontre de Caroline N. Spacek. Grâce à Lou, tu pénètres l'antre de cette romancière à l'aura délicieusement déconcertante. Ni une, ni deux, le huis clos s'installe. Et la langue de notre hôte commence à se délier. 

Les souvenirs affluent et Caroline déballe, tout en ménageant ses effets. Normal, elle est un putain d'écrivain. Mais au-delà des succès et des scandales, c'est une femme singulière et passionnante qui se dévoile. Et tu n'es pas au bout de tes surprises.

De ces neuf semaines, tu n'en perds pas une miette. Entre Caroline et Lou, un jeu de miroir s'est créé et tu touches de près aux mystères de la création. C'est vertigineux, violent. Mais comme cela peut être enivrant.

Buvard, de Julia Kerninon, est publié au Rouergue.

lundi 10 février 2014

L'homme qui avait soif, Hubert Mingarelli



Il y a comme une évidence. Le Japon, son minimalisme et sa poésie, cela sied bien à Hubert Mingarelli. L'homme qui avait soif en est la preuve irréfutable. Tu vas être enchanté.

La soif tyrannise Hisao, elle vient de lui jouer un mauvais tour. Pour quelques gouttes d'eau, elle l'a fait descendre du train qui l'amène auprès de sa promise, Shigeko. Ainsi éloigné, il a fini par manquer à l'appel, laissant s'enfuir sa valise et la promesse d'un avenir paisible.

Hisao ne perd pas espoir et part à la poursuite de son bien. Tu l'accompagnes alors dans un drôle de périple, hanté par le souvenir de Takeshi, mort dans la montagne. Là-haut, c'était la guerre, et pour ça on creusait. Et seul le chant de son ami le réconfortait.

Au gré des épreuves et des rencontres, le voile se lève, tu comprends tout, c'est un chemin pour la paix de son âme. Il se révèle du plus bel éclat.

L'homme qui avait soif, d'Hubert Mingarelli, est publié chez Stock.


mardi 4 février 2014

Réparer les vivants, Maylis de Kerangal


Tu ne sais pas vraiment où tu mets les pieds. Avec Réparer les vivantsMaylis de Kerangal a de quoi étonner. L'histoire ? Elle est inédite. C'est celle d'une transplantation cardiaque.

Tout commence avec Simon, la fougue et la jeunesse de Simon. Prendre son surf, partir avec les copains au petit matin, prendre la vague et mettre le coeur à l'épreuve. Tu sens déjà une certaine tension et le drame se profiler. Il arrive, il est là où on ne l'attend pas. 

La vie alors prend un autre tournant. Il faut faire vite, l'enjeu est crucial. Tout le monde est sur le pont. A présent tu te lances dans cette drôle de course où chaque geste, chaque mot compte. Il s'agit surtout de ne rien brusquer. Entre l'urgence et la patience, on se passe le témoin pour mener ce coeur à bien.

Tu passes ces 24 heures à suivre ces âmes qui gravitent autour de Simon. Tu es leurs yeux, leurs mains, leur force. La chorégraphie est parfaite, elle défile à un rythme déconcertant. Il y a de quoi être impressionné.

Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal, est publié chez Verticales.